Édito de Caroline

S'inscrire dans le temps

caroline laurin-beaucage © alex tran

L’année 2024 a fait son entrée. Ce moment charnière me permet de contempler ma vie à travers la fenêtre du temps, de réfléchir au chemin parcouru tout en nourrissant le présent de vœux pour l’avenir. Aujourd’hui, je me positionne dans cette transition temporelle en cherchant des repères. La neige semble s’être transformée en pluie, les saisons paraissent aussi disparates que les événements et les décisions politiques. Je ressens une fragmentation dans ces temps rudes pour l’ensemble de notre société.

En réalisant que 2024 marque mes 25 ans de pratique professionnelle en danse contemporaine, je me replonge dans le passé. Je me revois, emplie d’espoir et de volonté, aspirant à contribuer à l’émancipation et au développement de cette discipline. En secret, je rêvais de pouvoir y rester longtemps. Le chemin a été sinueux, chaque année apportant son lot de remises en question. À travers toutes ces années, je constate que les conditions de pratique ne correspondent pas à notre amour pour la discipline. Plus que jamais, je suis témoin de conditions précaires qui rendent même difficile l’imagination de notre avenir.

Ainsi, je nous souhaite la possibilité de continuer à envisager la suite. Une suite où des espaces pourront émerger pour accompagner des signatures et des écritures dans le temps. Je souhaite que des lieux se construisent afin de soutenir les artistes de la danse, pour leur permettre d’écrire le geste et de déployer les corps avec les moyens de leurs ambitions. Je souhaite que perdure la conviction que le métier de chorégraphe et d’interprète en danse de création est non seulement possible, mais également essentiel.

Édito de Caroline Laurin-Beaucage, extrait de l’infolettre de lorganisme, février 2024.