Édito d’Amélie
Le studio comme espace méditatif
Lieu de recherche, de répétition, de création, de présentation informelle où l’on se connecte au moment présent l’espace de quelques heures, plus qu’un simple lieu de travail, le studio est un espace qui crée un effet singulier quand on y pénètre. Pour moi, c’est une bulle qui me coupe du monde, un espace-temps hors du quotidien. Le studio s’imprègne aussi dans les corps, teinte les humeurs et laisse une trace dans ce qui est en devenir. Souvent, même à sa sortie, le studio continue de faire son chemin. Il est à la fois un espace physique et métaphysique. Tout ce qui s’est brassé comme idées et énergies continue de m’habiter par après. Mais le contraire n’est pas vrai. Quand j’entre dans le studio, j’oublie tout drame, état affectif, souci de santé ou même la fatigue. Son aura me ramène à l’ici et maintenant. J’ai un ami qui dit souvent que je devrais faire de la méditation. Je lui dis en riant que ma méditation est le studio. Je suis accroc au moment où l’on ferme la porte. Quand j’enseigne, les étudiant·es entrent, on jase, on s’échauffe, chacun·e passe me dire ses soucis et son état du jour, j’écoute attentivement, ça leur fait du bien, les esprits flottent, s’éparpillent puis on ferme la porte. Tout s’aligne. Le poids des corps descend d’une coche. L’effet du studio agit. On est là ensemble pour bouger, plus rien de l’extérieur n’a d’importance pour les prochaines heures et peut-être même après car le studio continue son œuvre en nous. On est là, ensemble, pour bouger. On se dit intérieurement qu’on a de la chance. Je les regarde aller, je les observe. Je me dis que le studio va probablement leur manquer un jour s’iels ne continuent pas en danse. Si c’est le cas, j’espère qu’iels trouveront le moyen de parfois fermer la porte.
Édito d’Amélie Rajotte, extrait de l’infolettre de lorganisme, avril 2024.