De la réussite
Édito de Sovann

Sovann Rochon-Prom Tep © Alex Tran
Le discours insinuant que la réussite de l’artiste consiste à vivre exclusivement de son art semble persister dans la conscience collective. Le milieu de la danse n’y échappe pas. Selon moi, il vaudrait la peine de reconsidérer cette obsession sur la source de revenu afin d’accorder un peu plus de prestige à l’épanouissement global.
Je crois que ce changement de paradigme peut s’enclencher à nos échelles. Il s’agit de générer autour de nous de la curiosité, de l’enthousiasme et de la fierté envers toutes les stratégies ingénieuses que nos collègues adoptent pour trouver l’équilibre, au niveau financier, organisationnel et créatif. Les carrières parallèles et perpendiculaires à nos vies d’artistes ne méritent pas d’être automatiquement perçues comme des concessions. Accordons aux tâches connexes et aux métiers dit “alimentaires” le potentiel de combler les besoins multiples qui nous habitent. Célébrons aussi les transitions de carrières, et même, la danse qui parfois se poursuit uniquement pour le plaisir. L’art n’est pas obligé d’être soutenu par une structure pour être valide. Il est possible de s’inspirer les uns les autres, même en dehors des lieux de diffusion reconnus et du circuit des projets subventionnés. La réussite mérite un nouveau regard, plus holistique.
De grâce, épargnons nos égos de cette version dépassée du succès, et accordons de la douceur et de la gloire à nos parcours éclectiques.
Édito de Sovann Rochon-Prom Tep, extrait de l’infolettre de Lorganisme, mars 2025.